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Actualités

mar. 25 octobre 2011

Débats animés sur la professionnalisation du sport en Afrique

La conférence sur la professionnalisation du sport en Afrique, organisée par le CIES et l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) le 14 octobre dernier à Dakar, a connu un grand succès. Plus de 200 personnes ont débattu de thèmes relatifs à ce processus essentiel pour les organisations sportives du continent africain.

Les dix intervenants aux trois tables rondes et les participants à la conférence se sont interrogés sur les responsabilités des partenaires de la professionnalisation, sur la nécessité de créer des projets innovants pour développer celle-ci ainsi que sur le rôle que les médias doivent jouer dans ce vaste projet.

A l’évidence, la conférence n’avait pas pour objectif de trouver des solutions «miracle» visant une percée rapide et un succès assuré de la professionnalisation du sport en Afrique. Elle a surtout permis de mettre en évidence les freins qui inhibent ce processus et d’explorer certaines pistes offrant aux organisations sportives la possibilité de franchir les premiers obstacles vers la réussite.

La première table ronde a mis l’accent sur la difficulté de faire de l’Etat le moteur unique de la professionnalisation. Même si ce dernier doit être présent, il ne peut pas en assumer tout le poids financier en raison de la situation économique des pays concernés et d’autres impératifs budgétaires tels que l’éducation ou la santé. Les organisations sportives (fédérations, ligues, associations, clubs) doivent donc être proactives et créatives, à l’instar de l’Association Diambars ou du Dakar Sacré Cœur.

Les débats de la deuxième table ronde ont porté sur le « modèle commercial» qui conviendrait le mieux à l’Afrique. Plusieurs participants ont estimé que la formation de joueurs pouvait permettre un démarrage progressif de la professionnalisation en assurant à la fois un vivier de sportifs pour les clubs nationaux et des indemnités de formation pour les clubs formateurs lors des transferts internationaux (surtout vers l’Europe). Des voix se sont néanmoins élevées contre ce modèle au motif  que – dans les circonstances actuelles – les meilleurs joueurs, c’est-à-dire les seuls capables de susciter l’enthousiasme et l’adhésion du public, allaient de toute manière s’expatrier. Plusieurs intervenants ont quant à eux souligné l’importance de donner aux clubs une image forte, ancrée dans leur communauté, pour susciter intérêt et passion. Ils ont cité l’exemple de la lutte sénégalaise, au cœur de la ferveur populaire depuis plusieurs années.

Le thème de « spectacle de qualité » a été au centre des discussions de la troisième table ronde. En effet, certains intervenants se sont interrogés sur la pertinence d’une professionnalisation uniforme et concomitante des clubs de première ligue dans le football. Pour que le spectacle sportif soit de qualité, doit-on promouvoir tous les clubs de la même façon ? Ou faut-il, dans un premier temps, favoriser les clubs qui offrent une bonne image, qui administrent avec soin et développent leurs infrastructures ? Plusieurs voix se sont exprimées en faveur de cette approche « élitiste » qui récompenserait «les meilleurs élèves » - les clubs les plus innovants - de leurs efforts de gestion et de promotion d’un spectacle de qualité.

D’autres interventions ont encore approfondi le sujet du « spectacle » sportif. Pour la majorité des participants, la professionnalisation ne pourra avoir lieu que si les organisations sportives sont capables d’offrir des compétitions intéressantes et captivantes, sachant susciter l’intérêt du public tant dans les stades qu’à la télévision. La fin des monopoles dans l’audiovisuel et la presse de nombreux pays africains pourrait constituer un terrain favorable. Néanmoins, ceci implique un effort de tous les partenaires. Les fédérations, les associations ou les clubs doivent proposer des performances sportives et des infrastructures susceptibles de séduire le spectateur et l’inciter à retourner aux stades. Pour sa part, la télévision doit modifier le format des émissions qu’elle consacre au sport – souvent confinées à l’arrière-programmation – ainsi que la qualité des retransmissions. C’est ainsi qu’elle pourra attirer et fidéliser audience et annonceurs publicitaires.

En conclusion, la conférence, couverte par de nombreux représentants des médias, a engagé une réflexion sur la professionnalisation du sport dans un esprit ouvert. Elle a su éviter l’écueil de la langue de bois et des solutions «toutes faites». Elle a par ailleurs permis aux participants un large échange de vues sur la complexité du thème proposé – qui pose également de nombreux problèmes en Europe, pourtant considérée comme le continent de toutes les réussites – tout en les incitant à être pragmatiques et créatifs. En résumé, il n’existe pas un modèle unique de professionnalisation et celle-ci requiert assurément l’implication de toutes les parties prenantes.

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