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Actualités

lun. 05 juillet 2021

Impressions sur les programmes de formation du CIES (quatrième partie)

Au mois de septembre 2020, cinq anciens étudiants du Programme exécutif FIFA/CIES en management du sport ont commencé la 21ème édition du FIFA Master à De Montfort University, Leicester (Angleterre). Quatre d’entre eux nous ont dévoilé quelques-unes de leurs impressions sur les programmes de formation du CIES et leur carrière. Nous donnons aujourd’hui la parole à Diana Yonah, diplômée de la Nelson Mandela University (NMU) à Port Elizabeth (Afrique du Sud).

Diana Yonah est originaire du Kenya. Avant de rejoindre le FIFA Master il y a près de dix mois, elle a mené une carrière professionnelle dans le football, notamment pendant 6 ans en tant que «club licensing manager » pour le Tusker F.C. Ce club, basé à Nairobi, a remporté le championnat de football du Kenya à de multiples reprises. Diana a également assisté à la Coupe du Monde de Football Féminin France 2019 comme membre du « FIFA Fan Movement ». Cette expérience, ainsi que sa participation au Programme exécutif FIFA/CIES organisé par la Nelson Mandela University, lui ont ouvert les yeux sur les différentes facettes du football féminin. De fait, elle a consacré son projet final au thème de la commercialisation du football féminin en Afrique. Quelques temps avant que la pandémie ne sévisse, Diana a collaboré comme volontaire au Global Goals World Cup en Ouganda. Elle avait pour responsabilité de créer des contenus dans le cadre de la Journée internationale des femmes. Cette compétition regroupe des équipes féminines qui, jusqu'au jour du match, défendent chacune l'un des 17 objectifs de développement durable des Nations Unies. Le classement du tournoi est établi en fonction des mesures prises en faveur de l’objectif en question sur et en dehors du terrain de jeu. Les équipes ne sont donc pas seulement récompensées pour avoir remporté un tournoi. Elles doivent également créer un impact au niveau local et mondial.

Quelles ont été tes premières impressions de l’Europe ?

J’étais un peu anxieuse à l’idée de venir en Europe toute seule et d’y rester une année. Je me suis donc préparée. Tout commence dans la tête. Heureusement que les premiers cours ont eu lieu en Angleterre, car je suis anglophone. Mes séjours en Italie et en Suisse ont été un peu plus compliqués. J’ai dû apprendre l’italien et le français afin de mieux m’adapter. Maintenant, je peux dire avec satisfaction que je me suis améliorée dans ces deux langues. Ces voyages de pays en pays, qui impliquent des changements culturels, m’ont obligée à sortir de ma zone de confort. C’est un « plus » énorme.

Comment t’es-tu adaptée aux contraintes des études pendant une crise sanitaire ?

Les premiers mois ont été compliqués car je déteste rester longtemps derrière un ordinateur portable à cause de ma vue. Heureusement, nous avons pu également assister à des classes présentielles. Encore une fois, je dirai que tout dépend de la manière dont tu es capable d’entraîner ton esprit à s’adapter aux contraintes de l'environnement. Pour ma part, j’ai transformé ces contraintes en moments privilégiés comme celui d’aller à la bibliothèque, de lire dans les jardins paisibles de Castle Court à Leicester ou sur les rives du lac de Neuchâtel.

Pour quelles raisons as-tu décidé de participer au FIFA Master ?

La décision a été prise il y a trois ans car j’ai toujours voulu suivre le FIFA Master. Même si je n’ai pas passé les deux premières sélections, je n'ai jamais perdu espoir. J’ai continué à me préparer et à postuler jusqu'à ce que je sois finalement acceptée. Au plan familial, cela n’a pas été simple. J’ai dû laisser mon fils de 5 ans au Kenya. Inutile de dire que ça représente un énorme sacrifice. Une nouvelle fois, il a fallu voir les choses de manière positive. J’ai serré mon fils dans mes bras et lui ai dit : « Maman va faire des études comme toi. Mais je te le promets. Je vais ensuite me rattraper ». A ma grande surprise, il m’a répondu : « Okay, maman, à bientôt !". Penser à lui me motive tous les jours. Je remercie aussi ma mère, mon père et ma famille qui m'ont soutenue dans mes rêves. Ils m’ont fait sentir que participer au FIFA Master était la meilleure décision possible.

Le Programme exécutif NMU/FIFA/CIES a-t-il été utile pour te préparer à cette expérience ? De quelle manière ?

Oui, il a été très utile. Je me souviens de toute la planification que j’ai dû mettre en place avant de voyager en Afrique du Sud pour suivre les cours à Port Elizabeth pendant quatre sessions d’une semaine. J'ai appris à gérer un budget et à interagir avec des personnes de milieux différents. Cette expérience m’a prouvé que je pouvais m'en sortir. D'un point de vue académique, je me réfère encore et toujours à certains cours de la NMU. En outre, j’ai créé des amitiés indéfectibles. En effet, mes camarades de classe me soutiennent beaucoup. Nous sommes en communication constante pour nous encourager les uns les autres. Nous envisageons même comment collaborer à différents projets afin de développer le sport sur notre continent. Je pense entre autres à Thabang d'Afrique du Sud et à Rosebud du Zimbabwe. Je l’affirme sans hésiter : le Programme exécutif NMU/FIFA/CIES a été un tremplin pour ma carrière. Grâce à lui, je suis passée du statut de petite fille timide à celui de femme audacieuse et polyvalente dans le secteur du football.

Quel sera le manager sportif de demain, après la pandémie ? Quelles qualités devra-t-il ou devra-t-elle avoir ?

Il ou elle devra rassembler de multiples attributs. Pour moi, les qualités essentielles sont l’ouverture d’esprit, l’humilité, la capacité à travailler en équipe, la persévérance et le fait de ne pas avoir peur du travail. Sans oublier la nécessité de ne pas se disperser. Il faut avoir un objectif précis. Pour résumer, les managers sportifs doivent se transformer en leaders car beaucoup de gens attendent que tu montres la voie à suivre, que tu prennes des décisions courageuses. La pandémie nous appris à être rapides. Le temps ne nous attend pas. L’industrie du sport change tous les jours. Nous devons être prêts à travailler au maximum de nos capacités.

Penses-tu que le sport sera transformé par la pandémie ? De quelle manière ?

Il n’y a pas de doute à ce sujet. Nous pouvons déjà constater comment la pandémie a laissé son empreinte sur le sport. Jusqu’alors, beaucoup de clubs et d’associations n'avaient pas adopté les outils technologiques. Ils ont dû s’y mettre. De nombreux médias ont été contraints de développer des idées innovantes pour créer leurs contenus. La pandémie a obligé les sponsors à trouver de nouvelles voies pour atteindre leur marché cible. Pour certains, la pandémie s’est révélée être une bénédiction déguisée. Ils ont profité de cette période pour élaborer des stratégies. Ils ont réfléchi à la manière dont ils devaient changer leur manière de travailler dans le futur en tenant compte des conséquences et des enseignements de la pandémie. En Afrique, par exemple, peu de gens avaient adopté le paiement électronique qui a pourtant un effet de levier sur les adhésions pour les organisations sportives. Maintenant, le mouvement est en marche. Si les choses continuent ainsi, comme je l’ai constaté, la pandémie aura également eu des aspects positifs.

Une fois le FIFA Master terminé, quelle sera la prochaine étape ?

L'année a été très intense… J’ai enregistré chaque étape, chaque partie de mon voyage. Mon rêve est maintenant de pouvoir lancer mon podcast. Je le concrétiserai une fois que j’aurai reçu mon diplôme. Par ailleurs, de retour à la maison, je devrai terminer quelques projets inachevés. Je vais enfin pouvoir les réaliser car l’aventure du FIFA Master m’a permis de voir plus clairement où la vie me mène ou, peut-être, où je veux qu’elle me mène.

Une sportive ou un sportif préféré (e) ?

Le football est mon sport préféré. Je citerai donc McDonald Mariga, Asisat Lamina Oshoala et Didier Drogba.

Que feras-tu, que seras-tu dans 20 ans ?

Quelle vaste question ! Dans 20 ans, j’aimerais avoir contribué au progrès du football féminin dans mon pays. Je souhaite aussi que mon club, le Tusker FC, participe à la Coupe du Monde des Clubs. Dans le même ordre d'idées, je veux, par le biais du sport, sensibiliser les femmes d'Afrique à l'importance d'une bonne hygiène menstruelle. Grâce à l’appui de partenaires et de sponsors, je serais heureuse de mener à bien des projets pour que les femmes terminent leur scolarité, pour qu’elles pratiquent toujours plus le sport, qu’elles deviennent audacieuses et déterminées, qu’elles connaissent le succès dans leur domaine de compétence, qu'il s'agisse d'un manager sportif, d'une avocate, d'une arbitre, d'une footballeuse, d'une journaliste ou de n’importe quelle autre activité… ou passion.

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